• Au détour d'une rue...

    (Voici une nouvelle que j'ai écrite un peu à l'arrache >.<' je ne suis pas à l'aise sur les petits formats, je préfère les romans. donc il est possible que ce soit pourri xD )

     

    Elle était apparue à l’angle du vieux bâtiment. Sa démarche était telle que je l’avais décidée.

    Elle volait.

    Ses cheveux de lin flottaient dans son dos, comme la voile d’un bateau. Se laissant porter par le vent.

    Mais au contraire, elle fendait la foule d’un pas décidé, lançant loin ses pieds en avant, allant droit au but.

    Je la regardais, de l’autre côté de la rue, ne parvenant pas à détacher mon regard de cette personne, cette femme que je ne connaissais pas et de qui pourtant je savais tout. J’aurai pu nommer chacun de ses grains de beauté. Donner le nombre exact de ses cheveux, décrire sans me planter l’iris de ses yeux.

    Elle s’arrêta au feu, attendant que le petit bonhomme passe au vert. Des tas de gens se pressaient autour d’elle, voulant à tout prix traverser, vite, vite, ne pas être en retard, ne pas me faire virer. Mais…

    On aurait dit qu’elle s’en fichait. Elle vivait sa vie avec un tel détachement des choses…

    J’avalais ma salive avec difficulté tandis qu’elle rejetait ses cheveux en arrière. Elle intercepta mon regard, leva les yeux au ciel, paru grommeler quelque-chose à une jeune-femme qui se tenait à ses côtés.

    Attendre de pouvoir traverser fut un calvaire. Je ne pouvais détacher mes yeux de cette fille, pas parce qu’elle était belle, elle était même plutôt banale, du fait que sa seule grâce étaient ses yeux, ses mains et sa légèreté d’esprit, sa facilité à sauter d’un sujet à un autre, comme si rien ne la retenait au sol. Sans entraves…

    Non, j’étais captivé car je l’avais créée. Son visage, c’était moi. Sa voix, c’était moi qui la lui avait donné. Son physique, son sens de la repartie, son amour pour l’ironie et l’humour noir. Ce détachement, cette insouciance, c’était grâce à moi, tout ça. C’était moi qui lui avait donné la vie, un soir, devant mon ordinateur, les doigts fébriles. Je me rappelais même du filet de sueur qui me coulait dans le dos. C’était un soir d’été humide et chaud. J’avais fermé les volets et bu des litres et des litres d’eau glacée pour ne pas mourir déshydraté.

    Et elle était née ce soir là.

    La voir en vrai me tétanisait. Ce ne pouvait être elle! Elle n’était qu’un personnage de fiction. Mon idéal féminin, mon double, peut-être, dans un corps de femme,  mais certainement pas réelle, puisque je l’avais inventée de toute pièce. Et pourtant elle était là. De l’autre côté de cette rue, attendant comme moi de pouvoir traverser. Je sentais qu’elle s’agaçait de me voir ainsi la contempler sans vergogne, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. C’était tellement insensé.

    Enfin, le feu passa au rouge, les voitures s’arrêtèrent devant le passage piéton, et ceux d’en face s’élancèrent sur la chaussée. Elle marchait d’un pas vif et, comme je ne la quittais toujours pas des yeux, elle remorqua son amie jusqu’à moi. Je n’avais pas bougé du trottoir.

    « - Tu veux ma photo ? »

    Son ton était tranchant, et elle arborait une expression dédaigneuse. Probablement pensait-t-elle que je n’étais pas assez bien pour qu‘elle prenne la peine de m‘adresser la parole. Elle avait sans doute raison.

    Je me contentai de secouer la tête, la gorge nouée. Elle eut une moue dégoutée et tourna les talons.

    Au moment où elle allait disparaître de ma vue en tournant au coin de la rue et, pris d’une soudaine intuition, je me lançais à sa poursuite.

     

    « - Excusez-moi! Excusez-moi, fis-je minablement en la rattrapant et en la retournant par le bras.

     

    - Lâchez-moi.

     

    Je ne voulais pas la lâcher. Elle allait partir, sinon. S’envoler.

     

    - Ca va vous paraître bizarre comme question, mais est-ce-que vous vous appelez Sarah ? Sarah Bellamy.

     

    Elle me fixa comme si j’étais fou. Bon sang. Peut-être que je l’étais!

     

    - Je vous ai dit de me lâcher.

     

    - Répondez d’abord, s’il-vous-plaît. S’il-vous-plaît.

     

    - Elle vous a dit de la lâcher! Intervint sa copine.

     

    Les passants commençaient à nous regarder bizarrement, mais tant pis. J’avais eu le courage d’aller jusque là, autant en avoir le cœur net. Même si j’étais sans doute timbré.

     

    - Vous vous appelez Sarah ?

     

    - Non, non! Je m’appelle pas Sarah, espèce de taré!

     

    Je crois que ma déception fut palpable, car elle dégagea son bras d’un mouvement brusque tandis que je relâchais mon étreinte.

     

    - Pourquoi, vous la cherchez ?

     

    - Non…non. Je ne cherche personne.

     

    Elle recula d’un ou deux pas, saisit son amie par la manche avec prudence et s’éloigna encore.

     

    Je le savais. Elle s’envolait. Je l’avais lâchée.

     

    - Vous êtes vraiment malade."

     

    Je me contentais de hausser les épaules. Vite, vite, tourner le dos, oublier cet épisode douteux et inquiétant de ma vie. Je retournais sur mes pas pour ne pas avoir à la regarder partir.

     

    « AttalentaLa fille qui regardait le monde tourner. »

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 3 Avril 2011 à 15:08

    Quand c'est bon , on n'a pas envie que ca s'arrete ...ou encore un peu plus ...par gourmandise !

    Ta premiere fan :

    Ladoudou56

     

     

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