• Où le réalisme n'est pas toujours bénéfique...

    voici une nouvelle écrite à l'occasion d'un concours. malheureusement (snif snif) elle n'a pas été retenue par les membres du jury, bien que ceux-ci m'aient félicitée, soit-disant c'était une histoire très sombre et morbide pour une si jeune fille que moi (j'avais 15 ans).

    il est possible qu'ils aient trouvé mon texte nul nul nul commeuhh le mazouuut (belle belle belle commeuuhh le jouuuur...) et n'aient pas osé me le dire en face. leur excuse était 'trop long', bien que mon texte ne dépassait pas les 9 pages maximum. ENFIN BON =D moi je l'aime bien.

    Bonne lecture!

     

    Où le réalisme n‘est pas toujours bénéfique ...

     


    Il faisait noir, très noir lorsque j’arrivais au Bois de la Roche, petite bourgade humide de Bretagne.
    La pluie, trop habituelle pour ce pays trop vert et imprégné d’eau, au cœur de Brocéliande, avait rapidement trempé ma veste pourpre. J’avais cherché un bar, une auberge où me rassasier avant de reprendre la route. J’étais tombé sur un établissement à l’allure douteuse, mais la serveuse était mignonne, alors j’étais resté.
    Tandis qu’elle me servait un ragout dont j’ignorais la composition, je tachais de me détendre. J’avais roulé d’une traite depuis Brest, j’étais parti tôt ce matin, avait dû faire un détour par Rennes avant de reprendre la route pour Nantes, pour une énième conférence où j’avais rencontré des dizaines de peintres, tous plus mauvais les uns que les autres. Sans oublier les heures d’avion dans mon jet privé, depuis les Etats-Unis. La fatigue commençait à se faire sentir.
    J’enfournais une bouchée du ragout, écarquillais les yeux d’horreur, et me concentrais pour ne pas tout recracher. La bouillie avait un étrange gout, mélange de poisson avarié et de pommes de terre trépassées. Je me forçais cependant à mastiquer avec soin, toujours en fixant la serveuse qui me rendait mon regard, debout derrière le comptoir.
    La jeune femme séchait un verre en ne me quittant pas du regard. Elle arborait le sourire énigmatiquement aguicheur que prennent toutes les femmes au moment où elles croient tenir les rênes. Or, ce n’est que très rarement le cas.
    D’un pas qui se voulait calme, j’allais m’accouder au comptoir et le sourire de la blonde s’élargit. Sans doute s’imaginait-elle que c’était elle qui choisirait la suite des évènements. L’amusement fit frémir ma bouche presque imperceptiblement. C’est en réfléchissant à la manière de l’aborder que je la détaillais avec discrétion. Ce devait être le plus joli bout de femme de tout le comté!
    Ses cheveux pâles et raides tombaient jusqu’au creux de son dos cambré, et ses yeux gris acier me dévisageaient sans retenue. Elle avait les traits fins mais sans grâce, comme taillés à coups de serpe dans une roche plus blanche que toute autre chose existante. J’avais toujours apprécié les filles se prenant pour quelques princesses, et c’était encore mieux si elles avaient le physique de l’emploi. Je reportais mon attention sur ses mains -les mains ayant toujours tenu un grand rôle dans mon idéal féminin.
    Comment pouvait-on être séduit par une demoiselle quelconque si ses mains étaient aussi rudes et épaisses que celles d’un bucheron ? Non! C’était inconcevable. Mais la jeune femme avait des doigts fins, des ongles soignés et propres. Cette fois, je souris pour de bon.
    «- Vous êtes pas d’ici, pas vrai ?» Le ton cristallin et légèrement ironique de la blonde me piqua, alors que je tachais au contraire de rester calme et mesuré. Plus savoureux qu’agacé, je répondis d’une voix doucereuse, avec un léger accent américain que je ne tentais pas de cacher, malgré ma maitrise parfaite de la langue française:
    «- C’est exact.
    - Et vous venez d’où ? Un sourire dévoilant mes dents étira mes lèvres. Je sentis la fille se raidir, mais poursuivais.
    - Los Angeles.
    - Ah oui ? Et, ajoutant plus bas d’un air dubitatif en se penchant en avant, ce qui m’offrait une agréable vue sur son décolleté -je ne résistais pas d’ailleurs d’y jeter un coup d’œil furtif
    - qu’est-ce qu’un gars comme vous vient faire dans ce coin paumé, en Bretagne ? Je ne détachais pas mes yeux de ses lèvres pleines, aux rondeurs si attirantes.
    - Je me rends à une conférence de presse. A Paris.
    - Une conférence de presse, répéta le jeune-femme en me soufflant au visage.
    - Oui, m’amusai-je à avouer avec un sentiment presque pervers. Je suis peintre. Normalement, à cette idée, toutes les filles haussent les sourcils en formant un «O» avec leur bouche, en mimant la dubitativité. Savoir qu’elles ont un ticket avec un peintre (pur fantasme romantique féminin, les artistes! Peuh!) suffit à les changer du tout au tout.
    Et cette charmante blonde au décolleté alléchant ne fit pas exception à la règle. Ses yeux se plissèrent tandis qu’elle eut une mimique qui se voulait sans doute affreusement irrésistible, tout en me jetant un regard qui voulait dire
    «Peintre ? C’est ça mon gars, et moi j’suis Stéphanie de Monaco!»
    C’est vrai que je n’avais pas vraiment l’allure d’un artiste, avec mes cheveux noirs aux favoris grisonnants malgré ma petite quarantaine, ma barbiche noire également et mes yeux couleur corbeau. Enfin, puisque je gardais le même petit sourire un peu gêné, à la George Clooney, d’après certaines de mes anciennes muses, elle soupira:
    - Ok, ok. Je veux bien vous croire. Elle s’était tournée en se hissant sur la pointe des pieds pour ranger le verre avec les autres, ce qui m’avait laissé le droit de lorgner de nouveau son postérieur.
    Sans aucun doute, la manœuvre était volontaire de sa part, donc je ne m’en gênais pas. Elles faisaient toutes comme ça!
    J’étais presque sur qu’elle allait me dévisager en mimant l’outrage, horrifiée de se retrouver seule dans ce bar faiblement éclairé, seule avec un inconnu aux manières étranges, qui la regardait de travers. C’est vrai que c’était effrayant.

    Mais cette fille, quoique d’apparence ordinaire, ne réagissait pas de la même manière que la plupart des autres représentantes du sexe faible, ce qui me surprit plus que cela ne me dérangea. J’aimais les surprises.
    Elle rivait son regard dans le mien, et dit sans préambule:
    - C’est quoi ton p’tit nom ?
    - Jack Krauser.
    Une vague lueur d’inquiétude, bien faible face à l’attirance qu’elle éprouvait pour moi, cependant, traversa ses beaux yeux clairs. Puisqu’elle avait choisi la méthode directe, je décidais de faire de même.
    - C’est quand ta prochaine pause ? D’un regard éloquent, elle entoura la pièce minuscule et vide de son bras.
    - Mon patron va pas tarder.
    C’était une phrase à deux facettes. Elle m’assurait que nous étions réellement seuls dans l’habitation, mais aussi qu’il ne fallait pas que je m’attarde.
    - Tu veux boire quelque-chose ? C’est gratis.
    - Seulement si tu bois avec moi.
    Elle sourcilla, je sentais avec certitude qu’elle commençait à se demander si ce petit flirt n’était pas une mauvaise idée.
    - Le patron planque du scotch dans son salon. Je vais en chercher.
    Je lui emboitais le pas, elle frissonna lorsque je la frôlais. Un sourd ricanement m’échappa. Faible créature entre mes mains habiles!
    C’était si amusant. Si intriguant. La douce s’accroupit au pied d’une commode en bois, tira le tiroir. Une fine couche de poussière lui sautait à la figure; elle agitait la main devant son nez en toussotant. J’entendis des verrines s’entrechoquer, puis elle décrocha le faux fond et s’empara d’une boîte en métal rouillée. Elle épousseta le couvercle d’un air impatient, le souleva et saisit une bouteille, puis me la tendit.
    Je fis miroiter le liquide brun aux reflets dorés à la lumière du plafonnier.
    - C’est du 1897 je crois, hasarda la blonde en essuyant ses mains sur son jean.
    - Belle couleur.
    Elle hocha la tête, et alla s’affaler sur un fauteuil en gros velours vert bouteille.
    - Y a des verres dans le placard en haut à gauche, dit-elle en désignant un second meuble, tout aussi abimé que la commode.
    Je nous versais une bonne rasade du fameux liquide et lui confiai sa part en souriant. Puis, nous bavardâmes longuement, elle plus réticente que moi à avouer les choses, mais au fur et à mesure que la bouteille de scotch se vidait, ses confidences allaient en s’assouplissant.
    - Le patron croit que personne connait sa planque, rigola-elle, légèrement ivre. La dernière fois qu’j’ai descendu une bouteille, il a piqué une crise, vous l’auriez vu!
    Elle s’esclaffa bruyamment et je souris d’un air poli.
    - J’ai dit qu’c’était sa gosse qu’avait chipé le magot. Pas très honnête, hein ? Nouveau sourire poli.
    Je commençai à m’impatienter. Mais non, il ne fallait pas. Pas encore, pas ici, tout du moins.
    Soudain, la jeune femme s’assied au pied de mon fauteuil élimé, le visage levé vers moi, me soufflant des vapeurs d’alcool à la figure.
    - Dis, Jack…tu me peins quelque-chose ?
    Un sourire sincère étira cette fois ma bouche, tandis que je contemplais la chose perdue à mes pieds. Une petite fille dans un corps de femme. Comme c’était pathétique…

    Je lui demandais d’aller m’attendre à l’étage, dans une pièce un peu éloignée des autres parties de la maison, pour être plus à l’aise.
    Elle m’indiqua le vieux bureau du patron, il y allait pour faire ses comptes, une fois par mois.
    - Je vais chercher mon matériel, je reviens, assurais-je en me levant.
    Mais la blonde, aveuglée par les effets de l‘alcool, se pendit à mon cou et me flanqua un baiser sur la bouche. C’était humide, sucré et ça collait.
    - Grouille-toi, murmura-elle en m’embrassant de nouveau.
    - Je me dépêche. Je serai là dans un instant, tu ne verras même pas le temps passer, je sors, je suis là, hop. Tu ne pourras même pas compter jusqu’à dix. Tu montes dans le bureau, tu poses tes fesses quelque-part, tu comptes jusqu’à dix, d’accord ma belle ? Et ensuite j’te peindras le plus beau portrait que tu n’ais jamais vu. Parole!
    Elle hocha la tête. Je pris mon manteau et sortit sur le parking.
    L’air était froid, la pluie avait cessée mais un vent violent s’était levé et soufflait à présent sur le village.
    J’allais à ma voiture, une Mercedes grise, ouvrait le coffre. A l’intérieur se partageaient l’espace une pile de toiles vierges, une palette de peinture vide et un boîtier en bois de sureau, orné d’un ruban rouge sang. Il contenait mes pinceaux en duvet de porc, que je commandais de Hollande régulièrement.
    En refermant le coffre, je surpris mon reflet dans la vitre.
    Je me souris à moi-même, de ce sourire vampirique qui m’avait valu le surnom de Comte Dracula auprès de mes confrères artistes peintres, et plongeait mon regard dans mes prunelles sombres et sans fond.
    Non.
    Ca, c’était effrayant, corrigeais-je.
    Une toile sous le bras, mes accessoires soigneusement rangés dans une mallette en cuir et mon chevalet sous l’autre bras, je regagnais le pub d’un pas sur.
    Cela faisait un moment, remarquais-je en poussant la porte du pied, que je n’avais pas exercé mon art.
    Une idée me traversa l’esprit.
    Je pourrais toujours utiliser ma future peinture pour convaincre et impressionner mon public, demain.
    Ils étaient si influençables!
    Je retournais l’écriteau accroché à la poigné sur lequel il était écrit «Open/Close».
    Mes pas résonnèrent dans l’escalier tandis que je montais à l’étage, un sentiment de pure satisfaction m’envahissant peu à peu.
    J’allais enfin pouvoir m’adonner entièrement à ma passion, celle qui m’habitait depuis ma tendre jeunesse.
    La peinture.
    J’ouvrais la porte du bureau.
    Tout petit déjà, j’avais éprouvé la sensation d’être destiné à faire quelque-chose de bien concret, quelque-chose de fantastique, quelque-chose qui ferait rêver les autres et me procurerait un sentiment de bien-être intégral.
    Peu m’importait, à l’époque, de savoir si les autres m’aimaient moi, ou bien mes projets, ou si ceux-ci étaient légaux, et si on me prendrait pour quelqu’un de sain d’esprit si je laissais libre court à ma passion.
    Bien peu de gens m’encourageaient à découvrir ce que je cachais en moi -car je ressentais cela comme ça: un talent enfoui qu’il me faudrait déterrer et trouver, comme une sorte de trésor, malgré le fait que je n’avais pas de carte, oui, c‘est exact, une découverte.
    Il me fallait simplement un déclic, un déclencheur, comme pour les bombes.
    Un détonateur.
    Mon père considérait cette recherche comme rien de plus qu’une perte de temps, et me sermonnait souvent à propos de mon tempérament entêté et solitaire, trop solitaire à son gout.
    Evidemment.
    En tant que chef d’entreprise, il dirigeait une centaine d’ouvriers en tout et pour tout. Et j’appris bien plus tard qu’il comptait me léguer le bijou. Or, il m’était impossible d’être le maillon le plus important d’une telle chaine, d’être piégé dans un bureau exiguë comme un vulgaire rat dans un labyrinthe, avec une sortie introuvable.
    Non. Je valais mieux que ça. J’avais des rêves de grandeur. Des envies de célébrité. Des gouts de luxes.
    Et, tare suprême parmi les tares, je n’aimais pas la proximité des autres.
    Je les trouvais si simples, si banals, à côté de mes projets!
    Non, côtoyer de telles personnes ne concordait en aucun cas avec mon choix de vie. Alors, un beau soir, un soir qui n’avait rien pour lui, une nuit noire et sinistre, avec un vent qui faisait vibrer les carreaux de la maison, j’avais décidé d’annoncer à mes parents que je ne souhaitais pas hériter de l’industrie de dentifrice, que je partais découvrir ce que je cachais involontairement en moi.
    Papa hurla beaucoup, cette nuit là. Plus que d’habitude, en tout cas. Mais ce fut la réaction de Maman qui me surprit.
    Mais j’aimais les surprises. Quoique celle-ci fut de taille!
    Je ne l’avais jamais vue dans un tel état de fureur. Elle gesticulait dans notre petit séjour, hystérique, et les larmes dévalaient sur ses joues maigres. Papa essayait de la calmer, en lui tapotant le dos avec maladresse, je me rappelle encore les cris aigus que poussait ma mère, et, tout idiot que j’avais pu l’être à dix-neuf ans, je l’avais comparée à une souris.
    Une souris piégée.
    Et j’avais éprouvé un sentiment de puissance à les voir, tous les deux, enlacés devant ma fureur qui redoublait à chaque seconde, plus forte, plus dangereuse. Tout le monde cria beaucoup cette nuit là. Plus que d’habitude, en tout cas. Il y eut un coup de tonnerre, puis deux, puis trois, et tout un déferlement. Et j’aimais le son des éclairs se brisant à des mille des là, j’aimais entendre ma mère hurler à chaque coup, terrorisée. J’avais oublié que Maman avait peur de l’orage. En réalité, je croyais qu’elle avait peur de moi.
    Ce fut une nuit enrichissante et talentueuse par sa fulgurance, des nuits comme il y en a peu. Certaines choses cachent un potentiel en elles, c’était le cas de cette nuit, elle allait à la perfection avec le drame qui était en train de se jouer dans le salon d’une maison cossue, à Los Angeles.
    Et puis, le lendemain matin, Maman était morte.
    Etendue sur le tapis de Tante Marthe, dans une flaque de sang dans laquelle se reflétaient les rayons du soleil qui filtraient à travers les épais rideaux de tissus pourpres. Mais Papa et moi ne tardâmes pas à découvrir que quelque-chose manquait au cadavre.
    On ne tarda pas non plus à trouver la tête de Maman, qui avait roulée jusque sous le buffet.
    Et, lorsque les gendarmes établirent un périmètre de scène de crime dans la salle à manger, et qu’ils déplacèrent le meuble pour photographier la tête avant de l’étudier plus avant, nous trouvâmes également un étrange et macabre tableau.
    Le visage ensanglanté de Maman avait laissé une trace bien nette sur la moquette beige, et on devinait sans peine les yeux, le nez et la bouche. Je crois que plusieurs policiers ont dû quitter la pièce pour aller vider leur estomac un peu plus loin.
    Qui sait, c’est peut-être pour cela qu’il flottait une drôle d’odeur dans le couloir, après ça…
    Le spectacle du crime avait dû faire perdre la raison à Papa. Il s’était mis à avouer des tas de choses sur lui et Maman, qu’il ne la supportait plus, mais qu’il n’avait pas voulu la tuer, enfin, pas vraiment, pas tout à fait, en fait, et que s’il l’avait fait, c’est qu’il y avait une raison, c’était un fait, mais il l’avait bien fait, et si elle était morte, c’était bien fait pour elle. Je crois que plusieurs policiers, à la vue de Papa devenu dingo, ont dû se rendre chez leur psy dans la minute. Au cas ou ce serait contagieux.
    Evidemment, avec de telles affirmations, Papa fut jugé et condamné à la prison à vie, quelle idée aussi, de dire qu’il était le meurtrier!
    Ca resterait une des nuits les plus excitantes que j’ai jamais vécue. Bien sur, comme Papa avait été emprisonné, il n’avait donc plus moyen d’aller travailler, et donc ses employés se sont retrouvés à la porte, et c’eut fait des chômeurs en plus dans la nature, bien sur, puisque Maman était morte décapitée, et que Papa était soupçonné d’être l’assassin, les commentaires allaient aller bon train lorsque la nouvelle serait médiatisée. Mais bon, tant pis, de toute façon, c’est comme si la famille Krauser avait été condamnée à finir ainsi dès sa fondation. L’arrière-arrière-grand-père mort durant la guerre, l’arrière-grand-père cancéreux, le grand-père ivrogne et SDF, le père accusé de meurtre, et le fils artiste peintre.
    Quelle famille.
    Je crois que celui que je préfère, c’est Papy Joe, le SDF. Toujours le mot pour rire, celui-là, même si je n’en ai pas beaucoup de souvenir. Il s‘était fait virer de sa société de taxis, et de longs mois plus tard, au moment où il avait enfin dégoté un petit boulot de livreur de journaux, ce pauvre vieux Joe s’était fait croquer tout cru par un berger allemand. Un classique dans le boulot des facteurs…les chiens qui leurs grignotent les poignets lorsqu’ils déposent le courrier dans les boîte aux lettres, les chiens qui les poursuivent s’ils ont manqué l’arrivée du pauvre homme, et cetera…
    Ah! Quelle chienne de vie, tout de même.
    Non, quitter enfin les rangs de la longue lignée des Krauser ne me causa pas trop de mal, beaucoup moins que ce que j’avais imaginé en tout cas. Hormis une mère à la gorge tranchée et un père cinglé, bien entendu. Mais, il faut voir le bon côté des choses, parce qu’il y en a un.
    Tout dépend de quel côté on se trouve, les gentils, les traitres ou les méchants. Dans au moins un de ces trois camp, dans une bataille qui se finit pourtant mal à vue de nez, il y a toujours quelqu’un qui arrive à en tirer partie. Sur cette dramatique affaire, ce sont les concurrents de l’entreprise de dentifrice de mon père qui ont su en tirer profit.
    - …nous allons à présent accueillir le peintre favori des Américains et des Français, car sa notoriété a contaminé notre pays il y a peu… C’est un homme que je n’ai pas besoin de vous présenter, vous avez tous du au moins voir une de ses œuvres, c’est un artiste de renom, qui a peint pour les plus belles femmes d’Amérique et d‘Europe. On le surnomme parfois «Comte Dracula» dans le milieu artistique, à cause de son sourire ravageur, pas vrai mesdemoiselles ? Il est vrai que Brad Pitt ne fait pas le poids face à ce sexe-symbole aux doigts d’or, je dis aux doigts d’or, messieurs dames, mais je devrais plutôt dire la poule aux œufs d’or, car ses œuvres se vendent comme des petits pains. Pour n’en citer que quelques-unes, il y a eu La Belle Endormie, Eclat de soie, ou encore Julia…et c’est bien peu face à la monstrueuse liste que cet homme a su garnir au fil des ans! La valeur de ces peintures est inestimable, et le talent de ce monsieur n’est plus à démontrer. Je vous demande de l’applaudir bien fort, voici Jack Krauser!?""

    A mon nom, la foule le hurle à son tour, tel un écho, et c’est avec un sourire triomphant que je pénètre sur la scène. La présentatrice, Caroline Ray me rend mon sourire en mêlant ses applaudissements à ceux du public.
    Je m’incline bien bas face à la foule, j’ai appris à me conduire humblement avec le temps, bien qu’au début j’eu été un tantinet tape-à-l’œil. Je fais un baise main à Caroline, avec qui j’ai eu le loisir de parler avant l’émission télévisée, et je m’assois à ses côtés face au public, toujours en délire. Je règle mon micro avec l’adresse que seuls les habitués ont la chance de posséder, et je crie en américain:
    «- Hello, My Public!» Auquel répondent les centaines de gens présents.
    Je n’aime pas les gens, je songe avec réflexion. Mais j’apprécie que eux m’aiment. L’égo humain…
    Caroline ne se départit en rien de son sourire, elle est une de mes plus grandes fans, ais-je appris il y a peu. De quoi donner envie de faire un énième portrait, cette petite aurait de quoi m’inspirer.
    «- Alors, Jack -je peux vous appeler Jack, n’est-ce-pas ?- comment pouvez-vous décrire votre parcours en quelques mots ?
    Mon sourire vampirique fait frissonner Caroline, mais d’admiration, contrairement à la serveuse.
    Tiens, la serveuse…de vagues souvenirs déjà flous remontent des limbes de mes pensées. Un visage pâle encadré de soyeux cheveux blonds argentés, deux yeux gris acier, une bouche pleine et aguichante. Un portrait rouge sang sur une toile beige.
    - Mon parcours, commençais-je en jetant un regard songeur parmi la foule, comme en quête d’inspiration. Mais on m’avait posé de nombreuses fois cette question, auxquelles s’ensuivaient la plupart du temps bien d’autres, toutes plus futiles les unes que les autres. Jamais celles qu’il faut. Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Que faites-vous ? Qu’êtes-vous ? Jamais les bonnes questions. Ce serait si simple, pourtant, de découvrir ce que je cache, mon trésor, sans la carte…
    - Et bien, mon parcours n’est pas si différent du votre! Eclats de rire provenant de ma droite et du public. Auxquels se mêle le mien.
    - Je suis né dans une famille aisée, ait décidé d’arrêter mes études un beau jour pour changer d’air, comme appelé par autre chose de plus…intriguant, dirais-je. Je vis exactement comme vous tous. Je ne suis pas quelqu’un de si exceptionnel que ça!
    - Allons, Jack, reprend Caroline en secouant ses cheveux courts et bruns. Vous êtes bien trop modeste! Tous les U.S.A connaissent votre nom, vos œuvres. Sans parler de l’Europe, en particulier la France Comme je l’ai déjà dit, votre talent n’est plus un secret pour personne! Alors ? Justement, quel est votre secret ?
    - Oh, détrompez-vous Caroline, modeste, je ne le suis pas, loin de là! Plaisantais-je. Quant à mon secret, et bien…je crois que je vais vous laisser chercher.
    Murmures déçus. Et je jouis d’entendre, de ressentir ce soupir rompu. Si amusant.
    - Néanmoins, continuais-je en haussant le ton pour couvrir les exclamations contrariées de la foule, néanmoins j’ai apporté ici un portrait que j’ai fait hier, pendant ma pause du dîner avant de reprendre la route. Rien que pour vous, amis de l’Art avec un grand «A». La toile va être projetée sur l’écran, veuillez le regarder s’il-vous-plaît...
    voila. Vous voyez ce visage, ces couleurs, ces émotions ? Que représentent-elles pour vous ? Qu’est-ce-que vous voyez derrière ces courbes ? Quand vous aurez trouvé la réponse, et bien vous aurez par la même occasion trouvé mon secret.
    Je me tourne à mon tour face au gigantesque écran, sur lequel vient d’apparaitre mon dernier bébé. Il représente un visage, étrangement en relief pour ceux qui ne connaissent pas ma méthode de «fabrication». Pour moi, il est encore plus beau que le modèle original.
    Le silence contemplatif qui a lieu à chaque fois que je dévoile l’un de mes portraits est rompu par une interrogation de Caroline:
    - Quel genre de peinture utilisez-vous pour peindre vos portraits ?
    Je ricane dans ma barbe. Encore une mauvaise question, bien que celle-ci se rapprocha de très près de la bonne.
    - Secret professionnel.
    - A moi, vous pouvez bien me le dire…
    - Ma chère, si je délivrais mes secrets à tout le monde si on me le demandait, ce ne seraient plus des secrets! Caroline sourit, et je ne peux m’empêcher de penser:
    «C’est ça, sourit tant que tu le peux, petite idiote. Tu seras la prochaine muse de mon futur tableau.» - Plusieurs spécialistes en la matière affirment que le modelé de vos portraits correspond à celui d’un véritable visage humain. Pensez-vous que si l’on posait l’un de vos tableaux sur le visage de la personne qui vous a inspiré, cela coordonnerait parfaitement ? C’est scientifiquement impossible, à moins de plaquer la toile directement sur le visage du sujet, et d’en tracer les contours au pinceau! Et pourtant même si je n’ai pas l’expérience de ces spécialistes, je ne peux m’empêcher d’être de leur avis. Je me penche en avant, charismatique au possible, et répond d’un ton posé et énigmatique:
    - Qui sait, mademoiselle Ray, qui sait ?
    La pauvre fille s’enflamme aussi sec, plonge le nez dans ses notes et bafouille:
    - Une dernière question, Jack, heu…pourquoi toujours des femmes ? Pourquoi jamais d’hommes, ou d’enfants ?
    De nouveau, mon sourire vampirique s’étale sur mon visage. Comte Vlad Dracula. Je désigne l’assemblée du bras, englobant photographes, cadreurs, fans et autres peintres jaloux de mon succès; en les réunissant dans le même geste.
    - Les gens sont formidablement fascinants, mademoiselle Ray. Je n’apprécie pas les femmes en particulier -de peindreles femmes, j’entends. Aujourd’hui, le sexe faible, sans vouloir vous vexer mesdames et mesdemoiselles, et demain…les hommes ? Les bêtes ? Vous le saurez de toute manière, si un jour un fermier vient se plaindre au commissariat, comme quoi sa vache aurait une toile de peintre sur la figure!»
    Ma réplique provoque de nouveaux rires, mais je me garde bien de me joindre aux autres, a l’hilarité générale.
    J’en ai assez de jouer la comédie. Il me tarde d’être rentré chez-moi
    «- Vous êtes si…intriguant, commence Caroline en se mordant la joue. Comment expliquez-vous l’attirance qu’éprouvent la plupart des femmes envers vous ? Vous n’ êtes pas sans ignorer que les dames des Etats-Unis vous ont placé à la troisième place du célèbre concours de l‘homme le plus sexy de l‘année.
    - Mmh, et bien je suppose que c’est mon charme naturel.
    - Et, hum heu…nos reporteurs ont fouillé dans les archives de la police de Los Angeles. Ils ont découvert que votre mère avait été…décapitée, une nuit. Vous aviez dix-neuf ans. Votre père -apparemment considéré comme fou dangereux après l’accident, des médecins ont d’ailleurs évoqué la schizophrénie-, votre père a été accusé du meurtre et condamné à la prison à perpétuité. Est-ce exact ?
    - En effet.
    - Et, il s’avère que vous vivez toujours dans la maison de votre enfance, l’endroit où votre mère est morte. Pourquoi ce choix, que beaucoup trouveraient excentrique, malsain, voir foldingue ?
    Je bois une gorgée d’eau à la bouteille, disposée sur la table devant moi. Décidément, l’équipe de Caroline était bien mieux informée que les autres.
    Peu de gens savaient que j’étais le fils d’un présumé meurtrier, et cette nouvelle avait répandu une sorte de silence sourd dans la salle . Puis, la foule murmurait, se soulevait, et n’allait certainement pas tarder à se rompre, se fendre...

    jamais les bonnes questions, toujours les mêmes réactions. C’était si prévisible.
    Presque ennuyeux, pensais-je en avalant ma salive avant de répondre sur un ton posé:
    - Je n’en sais absolument rien. Caroline sursauta à côté de moi, fit tomber sa pile de notes et, éperdue, s’empressa de les ramasser dans le désordre.
    - Pardon ?
    - Vous avez bien entendu.
    - Mais vous êtes… Je la fixais des yeux, et la jeune fille pique un fard méchamment, baisse les yeux et marmonne quelque-chose d’incompréhensible pour le public:
    - C’est incohérent…
    - Vous savez, mademoiselle Ray, on ne peut pas vraiment nier que mon passé soit un peu incohérent. Voir, presque loufoque, ou foldingue, comme vous dites. La raison pour laquelle je vis toujours dans la maison de ma défunte mère, m’échappe pour l’heure. Rassurez-vous, s’il me vient une réponse je vous ferais signe…
    Caroline en avait fini avec son questionnaire ridicule -bien que celui-ci soit un des plus insensés et proches de la vérité-
    et je salue une dernière fois My Public avant de rejoindre les coulisses.
    En quittant la scène sous les acclamations, mon sourire sardonique s’estompe peu à peu.
    Cette demoiselle en savait bien plus que les autres. Il allait falloir surveiller ça de près…et agir.
    Quatre heures. Plus vraiment la nuit, mais pas encore le matin.
    J’ouvrais la porte d’entrée, et laisse tomber mes bagages sur le lino, tous sauf un gros sac à dos. J’allume la lumière, referme la porte. L’ampoule grésille. Je peste entre mes dents tout en rejoignant le couloir, en laissant choir au sol mon costume pourpre, en dénouant le nœud de ma cravate noire et en ôtant mes chaussures italiennes. Je déteste devoir bien m’habiller pour les conférences de presse. J’arrive dans la salle à manger, et vérifie avec soin que rien n’a bougé.
    Précaution inutile, car personne n’ose plus y mettre les pieds, depuis que Maman est morte sur le tapis, et que sa tête a roulé sous le buffet. On dit que la maison est hantée. Un petit rire pervers me prend la gorge tandis que je repense à cette drôle de nuit.
    Papa s‘est fait meurtrier!
    L’excellente blague.
    Mes pieds s’enfoncent dans l’épaisse moquette beige. Je prends une lampe torche dans le tiroir du buffet -le même qu’il y a vingt ans- et vais dans la cuisine, où est dissimulée une trappe parmi les carreaux du carrelage.
    Je l’ouvre, jette un coup d’œil dans l’escalier qui descend en pente raide. Je referme la trappe sur moi, et allume ma lampe torche quelques secondes après m’être retrouvé dans l’obscurité la plus complète.
    J’aime la nuit. Il peut s’y passer n’importe quoi, tout près, vous n’en sauriez absolument rien. La nuit est porteuse de mensonges, les plus vils, les plus infectes que vous n’ayez jamais osé imaginer, même en cauchemar. Ils vous feraient mourir de peur à leur simple évocation. Je descend avec lenteur les marches en pierre. Plus je m’enfonce profondément dans la cave, plus l’humidité le prend la gorge. L’odeur de moisi est infernale, mais j’y suis habitué. Car, c’est dans les profondeurs de ma maison, celle où j’ai vécu depuis ma plus tendre enfance, que j’ai appris à utiliser mon talent. Celui qui était caché en moi. Sans la carte. Il y a une porte qui me bloque le passage. Je tourne la clef et poursuis ma route.
    Il n’y a rien, rien d’autre que des murs de pierres grises, dans lesquels se vautrent une multitude de petits insectes infernaux. Je repense à la manière dont j’ai décidé d’utiliser cette cave. A cette drôle de nuit. Il y avait eu un éclair, puis deux, puis trois. Puis des tas d’autres. Et Maman avait hurlé. Et j’avais cédé à la panique, à la fureur, quelque chose en moi s‘était finalement (enfin!) rompu.
    Une mélodie enfantine, telle une chansonnette, me trottait dans la tête: Les armoiries de la famille Krauser, apposées au-dessus de la cheminée-hé-hé, contenaient une petite hache finement aiguisée -hé-hé, et un blason. Le blason avait assommé-hé-hé, et la hache décapité-héééééé ... Je ris. Je ris fort, très fort, en me souvenant de la tête des policiers et des enquêteurs en découvrant la tête de Maman, et la folie dingue de Papa.
    Tout cela me semblait si loin. Si proche. Si flou…
    Une énième porte, un énième tour de clef. Cette fois, de longues étagères recouvrent les murs, chargées de bocaux énormes remplis de liquides jaunâtres. Ils sont étiquetés avec soin et méticulosité. Je m’approche de l’un d’entres-eux, regarde d’un œil satisfait ce qui se trouve à l’intérieur, flottant dans le liquide.
    Je ne parviens pas à me souvenir du nom de cette muse-là, un peu irrité, je lis l’étiquette accolée en-dessous du bocal: «Paula Schnauzer». Ahhh, Paulaaa…je me rappelle, maintenant. Une jolie fille -mes muses sont toujours jolies- à la peau matte et aux dents blanches.
    Je continue de marcher le long de l’allée, jetant des coups d’œil blasés aux bocaux et aux noms. Mes pas résonnent sur la pierre. Je m’arrête une seconde fois devant un autre prénom. Celui-ci, pas de risque que je l’oublie. Julia Krauser. Ma chère petite sœur…c’est l’une des plus célèbres. La plus jeune, aussi. Quel âge avait-elle ? Douze ans ? Moins ? Peut importe…c’était déjà une jolie petite femme. Je retournais au centre de l’allée, plus hâtif, soudainement.
    Arrivé au bout du corridor, je regarde les derniers emplacements vides sur les étagères. Je sortais un bocal de mon sac à dos, et observe un moment la tête de la superbe serveuse me fixer de ses yeux vides et sans éclat. Le reflet de ma lampe torche illumine ses cheveux argentés. Je place le bocal contenant la tête sur l’étagère du haut, pour qu’on le voit bien, à côté des plus belles. C’est là qu’est sa place.
    Avec un petit sourire en coin, satisfait, j’ouvre la porte de mon bureau, sort de mon sac le portrait de la serveuse, l’accroche aux côtés des autres sur le mur. Il va falloir que je réfléchisse à lui trouver un nom. Sinon, ça restera «le portrait de la serveuse» …
    je sors également du sac mon boîtier en bois du sureau, sensé contenir mes pinceaux, mais dont le ventre bien chaud recouvert de velours sombre ne contient qu’une hache, une seule. Plaquées aux armoiries des Krauser. Je me postais face au mur recouvert de tableaux, les bras croisés dans le dos. Une vague question me vint: ma méthode était-elle si ardue que cela pour que les spécialistes n‘aient pas pensé à analyser " ma peinture" ?
    A mes débuts, je n’avais de cesse de craindre que quelqu’un ne découvre ma manière de peindre. Je découvrais maintenant que c’avait été bien bête, puisque je me tenais au courant de tous les débats à mon sujet, et qu’il m’aurait suffit, pour éloigner le danger, de supprimer le ou les gêneurs. C’aurait été plus simple si c’eut été une femme.
    Mais, j’avais déjà peint des hommes, seulement, j’avais souhaité garder ce secret pour moi. Un autre secret…
    Je soupirais en me passant la main dans les cheveux. Bien sur que c’était compliqué, me poser la question relevait plus de l’idiotie que de la véritable interrogation. Cela demandait un grand effort physique, et je sortais souvent éreinté de «Mes séances de Peinture».
    Il fallait, bien sur, faire en sorte que la Muse, au moment où elle comprenait ce qui lui arrivait, évite d’ameuter tout le quartier par ses cris suraigus. Il fallait aussi lui maintenir la tête penchée en arrière, en la tenant par les cheveux, tout en lui assenant de puissants coups de hache au niveau de la jugulaire .
    Surtout : ne pas abimer le modèle ! Le garder réel , authentique , presque Vivant ! Il fallait bien -sur éviter de se salir: simple question d’hygiène. Logique, mais compliqué, il m‘avait fallu de nombreuses toiles avant de trouver le truc. Ensuite, recueillir le sang de la muse dans un baquet, plonger la tête ainsi séparée du corps dans le liquide rouge, et enfin, l’étape dite «de peinture» la plus proche d’une peinture ordinaire, enduire la toile avec un pinceau, pour former des traits et des courbes qui ressembleront à quelque chose une fois l’œuvre terminée. Sauf que là, c’était une tête que l’on posait sur la toile, pour que celle-ci s’imprègne du sang et, quelques minutes plus tard, il me suffisait d’ôter la tête, de la plonger dans un bocal rempli de liquide préservant.
    A chaque fois, la toile était recouverte d’une figure humaine, jamais la même, contrairement à ce qu’on pourrait croire.
    Avec un rictus mauvais, je saisissais mon téléphone portable et composait le numéro. De nombreux bips avant que l’interlocuteur ne décroche, mais je savais qu’elle allait décrocher. C’était obligé qu’elle décroche. Il le fallait.

    "- Allô ? - Caroline, navré de vous réveiller si tôt, c’est Jack Krauser à l’appareil…»

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  • Commentaires

    1
    Samedi 23 Avril 2011 à 17:30

    En ce qui me concerne, je pense que tu as vraiment un style qui t'est propre. Quelques petites améliorations à apporter et que j'ai, pour ma part, découvert seulement depuis deux ans.  Prendre garde aux temps. Mais également, par exemple, éviter de commencer tes phrases par "je".

    Quant à cette nouvelle particulièrement, je ne peux pas t'écrire que je l'ai adorée... Non pas parce qu'elle est mal écrite, mais parce que mon univers est différent. Et ta jeunesse peut représenter en effet un élément angoissant supplémentaire, cela peut conduire à s'inquiéter pour toi et t'opposer un refus par crainte d'y songer en te lisant... J'espère que tu comprends ce que je veux dire. En aucun cas, je ne pense que tu es quelqu'un de sombre, mais peut-être cela inquiète-t-il malgré tout ceux qui doivent choisir un texte... D'autre part, en fonction du concours, de la maison d'édition, la ligne éditoriale peut-être très différente. Si par exemple, tu envoies tes textes à un éditeur proposant des textes sombres, tu as certainement plus de chance d'obtenir une chance d'être choisie.

    En tout cas, continue d'écrire.

    2
    Grabouilleuse Profil de Grabouilleuse
    Samedi 23 Avril 2011 à 17:32

    j'ai bien conscience de ce que tu viens d'énoncer plus haut, bleue Azur... et je te remercie d'avoir pris la peine -et le temps!- d'écrire un si long commentaire.

    et ensuite: il est tout bonnement HORS DE QUESTION que j'arrête d'écrire 

    3
    Samedi 23 Avril 2011 à 17:41
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