• Où ça parle de Twilight et de bourgeoisie dans le même article.

    L'autre jour, alors que j'étais en train de réfléchir dans la voiture, le nez collé contre la vitre côté passager (je suis sûre que je ne suis pas la seule à le faire), j'ai repensé à un passage de ma vie. Bien sûr, je pourrais introduire ça avec une phrase compliquée et un questionnement qui vous inviteraient à donner votre avis ensuite, comme par exemple : "L'autre jour, je méditais dans la voiture, et une question s'est subitement imposée à moi. Existons-nous uniquement par le biais des autres ?" ce qui, vous en conviendrez, est totalement stupide. Quoiqu'il en soit, j'étais dans la voiture, donc, et je me suis souvenue d'un truc. 

    Lorsque j'étais plus jeune, aux alentours de 12/15 ans, j'adorais que les autres m'apprécient. J'adore toujours ça, bien sûr (entre nous, je ne connais pas beaucoup de monde qui adore être détesté des autres, mais passons), mais avant je faisais des pieds et des mains pour m'attirer les bonnes grâces de mes compatriotes, surtout quand les-dits compatriotes avaient mon âge. En raison de ma différence (scolarisée à la maison, principalement (et peu loquace, aussi)), j'avais tendance à rester dans mon coin, à écouter, et à parler rarement (heu, je vous avoue que ce dernier point n'a guère changé au cours des récentes années, mais j'y travaille). En soit, cela ne me dérangeait pas vraiment, j'adore écouter les gens parler. Mais à la longue, sans le vouloir, ces filles (j'étais plus à l'aise avec les garçons, ils se prenaient moins la tête, j'avais beaucoup plus de potes garçons que filles (et... ça n'a toujours pas changé)) instauraient un petit no man's land entre elles et moi. Elles m'acceptaient plus ou moins dans leur bande, mais d'un côté, mouais, je n'en faisais pas vraiment partie. 

    Et puis, lors d'un bivouac qu'avait organisé mon centre équestre, je me suis retrouvée parmi toutes ces filles (y avait aucun garçon, j'étais trop perdue). Il pleuvait trop pour monter à cheval un après-midi, alors la monitrice a organisé un jeu du style "Les Incollables" mais sur le monde du cheval. Sans le vouloir, je répondais bon à chaque question, alors qu'elles... ben, non. Je me souviens particulièrement d'une question qui les avait laissées sans voix (ça peut faire prétentieux, mais c'était vraiment ça) : "Qu'est-ce que l'éthologie ?" que à quoi j'avais répondu "L'étude du comportement animalier dans son milieu naturel". Bon, j'avais vu la réponse en manipulant la carte tout à l'heure, et sans le vouloir, je l'avais mémorisée, mais quand même ! Comment qu'elles étaient trop bluffées ! Et bien figurez-vous que par la suite, elles se battaient tous pour être dans mon équipe lors des petits jeux de culture tels que celui-là. Je vous laisse imaginer mon plaisir, non pas d'être au centre de l'attention, mais d'être acceptée. Mes comparses me traitaient presque avec égard et, peut-être pour la première fois, j'avais l'impression de briller en société. (J'ai toujours adoré les expressions mondaines, pardonnez-moi !)

    Par la suite, il s'est avéré qu'elles me surnommèrent "La Bourgeoise", en raison de mon vocabulaire (je n'ai jamais été une adepte des mots vulgaires et du langage de "jeun's". La langue française est suffisamment jolie pour me donner envie d'utiliser des mots qui existent vraiment, excusez-moi si j'en offusque plus d'un. 
    Mais entre-nous soit dit, je trouvais que la bourgeoisie n'avait aucun rapport avec le langage soigné que certaines personnes utilisent : c'est vrai quoi, y a pas que des gens de la "haute" qui savent bien causer, crotte ! Mais j'étais trop contente pour le leur faire remarquer, alors j'acceptais ce surnom avec bonne grâce (huhuhu). C'est prétentieux, ah bon ? Je me délecte. Je faisais rire, quelques fois, quand je sortais des trucs énormes et bizarres, comme la fois où l'une des filles avait fait remarquer qu'un des chevaux dormait avec les jambes toutes raides et où j'avais ajouté que ça ressemblait à la rigidité cadavérique (ouais je sais, y a des sujets plus joyeux). Au final, elles avaient bien rigolé, donc j'étais contente. 

    Et puis, au fil du temps, je recommençais à être laissée à l'écart, ces filles n'utilisaient plus mon surnom qu'en levant les yeux au ciel ou en grimaçant. Je me suis aperçue qu'elles m'utilisaient plus comme un dictionnaire que comme une amie, sinon une copine. Alors j'ai laissé tombé et j'ai pris du recul un moment (en gros : j'ai encore moins parlé qu'avant), le temps de digérer la boule qui grossissait dans mon ventre. J'avais peur de ne jamais être acceptée nulle part. 
    Et puis j'ai grandi (un peu), j'ai décidé d'ignorer ces haussements d'épaules désabusés. Leurs préoccupations (les garçons, les premiers baisers, les garçons, Twilight, les garçons, les chaussures, les garçons, le maquillage, ah, et puis les garçons aussi) me passaient bien au-dessus de la tête. Elles lisaient Stephanie Meyer, et moi Zola, elles aimaient Colonel Reyel et moi Jean-Jacques Goldman. Soit. Attention, hein : je ne dis pas que j'étais plus mature qu'elles (des gens me l'ont pourtant dit, mais je n'étais pas très convaincue pour tout vous dire), je dis simplement que j'avais d'autres préoccupations. Je lisais pour le plaisir, pas elle, j'écrivains pour le plaisir, pas elle, je voulais publier un roman, ou plusieurs, elles voulaient sortir avec Untel, ou aller voir Twilihgt le jour de sa sortie au cinéma. (Je n'ai rien contre Twilight personnellement, mais placer les mots "vampire", "Bella", "Edward", "Jacob" dans chaque phrase, ça saoule vite.)

    Depuis que j'ai cessé tout contact avec ces pimbêches, ça va beaucoup mieux. Mais à l'époque, j'avais vraiment la sensation de n'exister qu'à travers elle, ce qui était peu naturel, vous en conviendrez. 

    Enfin bref. La prochaine fois, je vous raconterai comment je flippais trop la nuit en entendant mon coeur battre dans ma poitrine ! \o/ Bonne journée/soirée à vous !

    « Je suis une indécise bonjoûûûûr !L’Étalon Noir m'a fait des misères »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 16 Novembre 2012 à 11:47

    C'est bien écrit, très bien écrit et c'est certainement ce que nos filles ont ressenti ou ressentent encore lorsqu'elles sont en compagnie de leurs pairs ou congénères...

    Pas simple d'aimer la belle littérature, d'avoir la grande classe au point de trouver plus intéresssant d écouter les autres plutôt que de se répandre soi-même, de ne pas avoir les hormones qui s'affolent dès que passe un "mâle"...

    Mais ne change rien, c'est parfait et tant mieux si aujourd'hui, tu te plaîs comme tu es..Toutes ne pourront pas en dire autant en étant aussi "accro" aux regard des autres qu'elles le sont ! On va dire que tu as tout compris.

    Bises à toute la famille.

    ValérieJ LaMaman

    2
    ladoudou Profil de ladoudou
    Vendredi 16 Novembre 2012 à 13:39

    ne change surtout rien ma Belle !

     

    Bisoux,

    Ladoudou

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    3
    Grabouilleuse Profil de Grabouilleuse
    Vendredi 16 Novembre 2012 à 14:54

    Merci à toutes les deux !

    Je pense que cette mise à l'écart est particulièrement difficile à avaler au quotidien pour les enfants, quand on grandi, ça va un peu mieux, et puis il y a toujours la possibilité de se rabattre sur des personnes plus âgées : j'ai toujours eu plus de facilité à converser avec des adultes, ou des gens légèrement plus vieux que moi. 

    Merci encore en tout cas, ça me fait plaisir !

    4
    Dimanche 18 Novembre 2012 à 11:36

    Tiens, tiens, ici, aussi, on dirait que nos enfants ont ou ont eu vraiment, vraiment, vraiment...plus de facilité avec les "plus âges" qu'avec ceux de leur âge!

    Y'avait comme un décalage permanent...

    Bah à la fois comme ça quand on est "grand", c'est moins compliqué, vous n'êtes pas en terre inconnue!

    Bon weekend à toute la famille.

    Valérie LaMaman

    5
    Pink-apple Profil de Pink-apple
    Samedi 24 Novembre 2012 à 10:25

    Le thème du blog est magnifique !

    6
    Grabouilleuse Profil de Grabouilleuse
    Samedi 24 Novembre 2012 à 11:24

    Merci ! ^^

    7
    Pink-apple Profil de Pink-apple
    Samedi 24 Novembre 2012 à 14:31

    De rien ;)

    8
    Lundi 20 Mai 2013 à 13:45

    J'aime beaucoup ton écriture, qu'est-ce que ça fait du bien de lire un texte à la fois attrayant et sans aucune faute d'orthographe ! Trop de gens ne savent plus aligner deux mots sans y faire trois fautes :p

    Je me suis beaucoup retrouvée dans cet articles, vraiment. J'ai changé -je pense- depuis, mais mon enfance ressemble exactement à ce que tu décris. Je n'avais que des amis garçons, les filles m'ennuyaient. J'écrivais aussi beaucoup étant petite, et je continue avec mon blog.

    Moi aussi je parlais très peu, encore aujourd'hui, même si je suis mieux intégrée, je ne trouve jamais rien à dire, surtout quand il y a beaucoup de gens. Et, moi aussi, quand une fois j'attirais l'attention, j'étais heureuse.

    Je vais passer un peu de temps sur ton blog je crois.

    En plus je vois Spirit dans ta bannière, le film que j'ai dû voir 100 fois, sans jamais m'en lasser. Le premier film que j'ai vu au cinéma, mon dessin animé préféré, dont je connais toutes les chansons par coeur.

    Je vois aussi Le voyage de Chihiro, nous avons tous les Myazaki (ça s'écrit comme ça ?) à la maison, même si je dois avouer que maintenant ces films m'ennuient.

    Je ne vais pas m'étaler sur Harry Potter, je les ai "tous" vus. Disons que j'ai vaguement parcouru le 7 quand mon frère l'a emprunté à un ami.

    Je reste agréablement surprise par nos points communs !

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