• Limbre (Partie 5)

    Lorsque mes parents rentrèrent, ils me trouvèrent allongée sur mon lit, fixant le plafond sans ciller.                                                                                                                          Après avoir répondu à leurs questions inquiètes, je leur proposai de préparer le dîner à leur place, pour qu’ils puissent souffler un peu. Je voulais surtout être seule.                                                                                                                                                       Tout en plongeant les pâtes dans l’eau bouillante, je réfléchissais avec frénésie à ce que m’avait dit cette jeune femme.

    Si elle disait vrai, son association devait être une sorte d’école virtuelle, avec des profs réquisitionnant des enfants pour leur apprendre le métier. Ensuite, les gosses, deviennent des Agents -je crois que c’est le terme qu’elle a utilisé- et agissent ’pour le bien commun. Ben voyons. Elle avait beau dire, ça ressemblait fichtrement à la Mafia, son truc.

     

    Des voix me parvinrent du salon, et je ne pus m’empêcher de m’approcher de la porte pour écouter.

    -…ne va pas très bien ces temps-ci, disait ma mère.

    - J’ai vu.

    - Elle est complètement à la ramasse. Et puis tu as vu ses cernes ? Et son air malheureux ?

    - D’un côté chérie, nous ne sautons pas au plafond non plus…

    - Nicolas, je t’en prie. Garance m’inquiète vraiment. On devrait…on devrait peut-être l’envoyer chez ma soeur pour qu’elle pense à autre chose.

    - Tu crois que ça lui ferait vraiment penser à autre chose ?

    - Tu as bien vu comment elle fixait le plafond, tout à l’heure. Ce n’est pas bon signe.

    Elle doit penser que c’est sa faute si Paul a mal tourné.

    Il y eut un silence, avant que ma mère ne reprenne:

    - Essayons, au moins. Si ça ne change rien, elle pourra revenir ici.

    - Et l’école ?

    - Elle n’y apprend plus rien, elle souffre, c’est tout.

    Ma mère et son éternel franc-parler…

    Mon père hésita encore un court instant avant d’accepter la proposition.

    - Bon, d’accord.

    Des pas s’approchèrent de la cuisine, et je retournai précipitamment auprès de la gazinière. S’ils m’envoyaient chez ma tante, ça changeait la donne. Je ne voulais pas m’éloigner de mes parents. Mais d’un autre côté, je voulais aider Paul. Or, ce n’était surement pas chez Tante Irène que j’allais réussir cet exploit.

    Le repas se passa dans un silence froid et distant. Je m’efforçais de ne pas en vouloir à mes parents de m’écarter d’eux comme ça, et bien que ce ne soit pas chose facile, j’y parvenais relativement bien. Ils faisaient ça car ils s’inquiétaient pour moi, parce qu’ils m’aimaient. Ca partait d’une bonne intention.

    Ma mère m’annonça mon prochain départ chez sa soeur la semaine prochaine, elle lui avait téléphoné, elle était d’accord.

    Tante Irène avait été une des -très- rares personnes à ne pas nous inscrire sur sa liste noire après l’arrestation de Paul.

    J’hochai silencieusement la tête, acquiesçant à leurs arguments, à leurs explications.                                                                                                                                     J’étais sensée prendre le train lundi matin, et Lou devait revenir me voir dimanche.

    Mon plan était simple.

    J’allais accepter sa demande, mais lui demander d’attendre un jour encore avant de ne m’emmener avec elle. Je pourrais faire croire à mes parents que j’avais gentiment pris le train pour Marseille, et ils ne crieraient pas au kidnapping tout de suite, ça me laisserait le temps de filer.

    C’était un bon plan.

    Dimanche, aux alentours de deux heures du matin, je fus tirée du sommeil par un courant d’air froid. Je me levai pour aller refermer la fenêtre, avant de comprendre que, si elle n’était plus fermée, c’était que quelqu’un l’avait ouverte.

    La voix de Lou me parvint de dans mon dos:

    - Le système de fermeture de vos fenêtres n’est pas très élaborés. On ne se sent vraiment pas en sécurité, chez-vous.

    Elle eut un reniflement dédaigneux, et je ne pus m’empêcher de sourire.

    - Alors ?

    - J’accepte.

    Elle eut un haussement de sourcils stupéfait avant de se reprendre et d’afficher son éternel sourire sarcastique.

    - J’aurai jamais cru. Je pensais que tu étais une gamine sans aucun cran.

    - Apparemment vous vous êtes trompée.

    - L’ennui c’est que tu es un peu vieille.

    - Pardon ?

    - D’habitude on prend les orphelins -t’es même pas orpheline, d’ailleurs- quand ils ont aux alentours de dix ans. Ca laisse suffisamment de temps pour les former.

    - Je n’ai que seize ans. Ce n’est pas beaucoup plus vieux. Et puis, je ne suis pas pressée, ajoutai-je en mentant effrontément.

    Lou me fixa quelques secondes avant de dire:

    - Menteuse.

    Elle tripota un bibelot posé sur une étagère et reprit:

    - Enfin bon, c’est Jared qui se chargera de ton apprentissage, de toute façon.

    Ah. Première nouvelle.

    - Prépare quelques affaires, on part tout de suite.

    J’inspirai un grand coup avant d’avouer:

    - En fait, non.

    Elle attendit patiemment que je lui explique, et une fois que ce fut fait, elle fronça les sourcils.

    - Nous n’avons pas l’habitude de changer la procédure.

    - C’est vraiment important. Ca m’éviterait d’avoir la police sur mon dos tout de suite.

    - La police! Fit-t-elle en riant. Ces incapables au képi bien enfoncé sur la tête. Oh, non. Ils ne nous gêneraient pas le moins du monde, même si tu te promenais dans la rue avec une pancarte avec « Je m’appelle Garance Léoti, j’ai fugué, venez me chercher mes parents sont tristes » écrit dessus autour du cou.                                         J’étais loin d’avoir son insouciance. Après tout, les policiers avaient arrêté Paul. Ils pouvaient m’arrêter moi aussi.

    - Je vous en prie. C’est vraiment important. Mes parents feraient une crise cardiaque si je fuguais durant la nuit. Si je fais semblant de prendre le train, et que je vous suis, ils pourront penser que je me suis faite kidnapper, quelque-chose comme ça! Je n’ai pas envie qu’ils pensent que je les ais abandonnés.

    - Pourtant, c’est-ce que tu vas faire, fit Lou avec objectivité.

    - C’est fou comme vous êtes douée pour remonter le moral des gens.

    - Tu l’as déjà dit.

    Je me passai de réponse et la suppliai:

    - S’il-vous-plaît. Ce n’est pas une journée d’apprentissage qui va changer quelquechose, si ?

    - Si.

    Lou n’avait pas bougé d’un pouce, et je savais qu’elle évaluait la situation.

    - Laissez-moi téléphoner à Jared pour lui demander son accord, alors, tentai-je vainement.

    Elle inspira profondément:

    - Jared serait d’accord.

    - Alors, tout va bien!

    - Mais Jared n’est pas le seul en cause! Les lois de la Tribu nous obligent à réquisitionner les jeunes recrues et à les emmener le jour même de leur Approbation.

    - Personne ne le saura! Fis-je un peu au hasard. Je n’avais pas tout compris.

    Lou soupira, secoua la tête, finit par hausser les épaules et accepta:

    - C’est d’accord. Mais si quelqu’un doit se faire taper sur les doigts, ce sera toi.

    ***

    En traversant le hall de la gare, je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’oeil alentours.

    Une jeune femme aux cheveux blonds tirés en une longue queue de cheval lisait une revue, appuyée nonchalamment contre un pilier.

    Je ne pus m’empêcher d’être rassurée de sentir sa présence.

    Mes parents m’aidèrent à monter mon sac de voyage sur le porte-bagage, et ce fut le moment de se dire au-revoir. Ce fut certes moins éprouvant que nos adieux d’avec

    Paul en septembre, mais presque. Nous étions des gens simples et nous nous aimions beaucoup…

    Une fois que mes parents furent descendus du train, je me précipitai à la fenêtre pour les observer s’éloigner. J’attendis qu’ils soient hors de vue pour sortir à mon tour du wagon, et me dirigeai vers le hall d’un pas neutre et tranquille.

    Je fus happée dans un recoin alors que je ne m’y attendais le moins:

    - T’en as mis du temps.

    Impassible, je pris le temps de lisser mon tee-shirt avant de répondre:

    - Je n’avais pas très envie de croiser mes parents en quittant le quai. Ni vraiment le temps de répondre à leurs questions.

    Comme de bien entendu, Lou eut un mouvement de dédain, et me pris par la manche pour me guider vers une voiture de sport, stationnée devant la gare. Elle était d’un rouge vif, et décapotable.

    - Il ne fait pas un peu frisquet pour se passer de toit ? Demandai-je tandis que nous roulions à vive allure.

    - J’aime le vent.

    Puis, plus tard, perdue dans mes pensées, je me rappelai avoir compris que Lou avait une moto, et non une voiture.

    - C’est la voiture de Jared ?

    - Non, pas vraiment.

    - Elle est à qui, alors ? Fis-je sans savoir si j’avais vraiment envie de connaitre la réponse. Lou me semblait être quelqu’un de très libre et sans trop de sens moral.

    - Je l’ai empruntée.

    Empruntée, hein ? Bon. Je décidai de ne pas creuser plus profond.

    Prendre le train pour rejoindre Londres ne fut pas très long, et quelques heures plus tard nous nous retrouvions dans ce fameux pub enfumé et bruyant.

    Les mêmes clients étaient accoudés au bar, et ils ne nous prêtèrent pas attention quand nous quittâmes la pièce pour rejoindre le reste de l’habitation.

    Il régnait dans le salon un bazar monstrueux, comme si plusieurs personnes étaient passées en coup de vent ici, les unes après les autres, et n’avaient rien rangé.

    Lou, parfaitement à l’aise, accrocha sa veste de cuir à une patère et me fixa, les poings sur les hanches, après m’avoir fait signe de déposer mon sac dans un coin.

    - Il y a un problème ? Fis-je au bout d’un moment, gênée par son regard clair.

    - J’en ai bien l’impression.

    Je me trémoussai, mal à l’aise.

    - C’est pas Jared qui devait s’occuper de moi ?

    - Il ne rentrera que demain. Il m’a gentiment chargée de t’apprendre certaines petites choses et rectifier quelques détails…

    Comme à son habitude, elle pencha la tête sur le côté, signe qu’elle réfléchissait.

    Soudainement, elle claqua sa langue contre son palais et s’exclama:

    - T’es cheveux.

    - Quoi mes cheveux ?

    Personne, chez moi, n’avait pensé à les recouper, si bien qu’ils étaient toujours dans un sale état.

    - Pour faire un bon Agent, il faut un minimum de discrétion. C’est pas coiffée comme une sauvage que tu vas passer inaperçue.

    Lou entreprit donc de me couper les cheveux. C’est vaguement inquiète que je m’étais abandonnée à ses mains. Je craignais qu’elle soit aussi agile avec une paire de ciseaux qu’avec un volant -elle conduisait très dangereusement.

    Finalement, je fus agréablement surprise en découvrant ma nouvelle tête dans le miroir qu’elle me tendait.                                                                                                                        Mes cheveux étaient sagement ordonnés dans un carré court, ce qui dégageait mon front et ma nuque. Ma vieille frange toute tordue avait été supprimée par je ne sais quel tour de passe-passe, et le reste était bien droit, et non plus en zigzag.

    Je faisais plus âgée.

    - Voila une bonne chose de faite, déclara Lou pour résumer son travail.

    Et sans plus faire cas de moi, elle alluma la télé. Je restai plantée là, ne sachant pas trop quoi faire. Lou, dans un de ses rares élans de bonté, daigna se souvenir de moi et fit, en me jetant un coup d’oeil en coin:

    - Hé, mets toi à l’aise, tu veux ? Pas la peine de faire tapisserie, y en a déjà sur les murs.

    - Vous aviez dit que vous deviez m’apprendre des trucs.

    - Y a pas le feu.

    - J’aimerai comprendre.

    - Et moi, j’aimerais regarder la télé.

    Agacée, je lui tournai le dos et contemplai avec hargne le mur en face de moi. Je finis par aller m’asseoir en tailleurs sur le canapé à côté de la jeune femme, plus désarmée qu’autre chose, bien que je n’avais pas vraiment la tête à m’amuser ou me vider l’esprit.

    Le match de football que suivait Lou avec concentration était bien moins prenant que mes propres réflexions.

    - Mais cours, espèce de tarlouze, cours, cours! Il va te rattraper, cette espèce de chimpanzé. Fais gaffe, il va te faire un croche-pied et te chiper la balle…fais gaffe…oh…oooooh…attention! Et voila sale femmelette, il t’as chipé le ballon. Putain. Et dire qu’il y en a qui payent pour voir ça…

    - Lou…

    - Allez, on oublie ta gamelle de malade, et tu cours, putain…

    - Lou, j’me demandais…

    - BORDEL DE MERDE COUUUUUUUUUUURS! ET VOILAAAAA IL T’A

    ENCORE NIQUE LA ROUTE! PUTAIN!

    - Lou!

    - QUOI ?

    - Expliquez-moi, s’il-vous-plaît.

    Elle me regarda un moment, soupira et se passa les mains sur la figure, comme si tout cela pour elle était une tache horriblement fatigante.

    - Tu peux vraiment pas attendre un peu ?

    Je fis non de la tête, avec la vague impression d’être agaçante. Tant pis.

    Lou se rassit sur le canapé, duquel elle venait de bondir.

    - Très bien. Que veux-tu savoir ?

    J’haussai les épaules, évasive:

    - Le principal. Quelle est cette association dont je fais à présent plus ou moins partie.

    Lou me fixa méchamment:

    - Tu n’en fais pas encore partie. Tu n’es qu’une prétendante au rôle d’Apprentie. Ca va être à moi et d’autres Agents de juger tes valeurs physiques comme morales.

    - Jared fera partie des juges ? Demandai-je avec espoir.

    Lou s’esclaffa bruyamment:

    - Tu rigoles ?! Pour qu’il t’accepte les yeux fermés ? Les instructeurs n’ont pas à décider de l’acceptation de leurs Apprentis. Ca fausserait leur jugement.

    Ah. Dommage.

    - Et, tant qu’on parle sérieusement. Arrête un peu de parler d’association. Ca craint vraiment. C’est vraiment pas une association.

    - C’est quoi, alors ? Fis-je sur la défensive.

    - La Tribu.

    ***

    - La Tribu. Ca fait vaguement penser à la Famille de la Mafia, quoique vous en disiez…

    - La Famille, cracha Lou avec un dégout évident. Ces abrutis fumeurs de cigares et amateurs de putes de luxe. Tu parles. C’est d’un malsain, d’un pervers…écoeurant.

    Elle eut une grimace et détourna la tête, avant de reprendre:

    - La Famille, je t’avouerai qu’on y a pensé. Si ces porcs de mafieux ne nous avaient pas chipé l’idée…

    - La Mafia existe depuis un bail! La Tribu aussi ?

    - Oui. Elles ont été créé à peu près en même temps. C’est-à-dire en 1282. Et…

    - Comment ça se fait que le monde entier connaisse l’existence de la Mafia et pas de la Tribu ?

    Elle me regarda comme si j’étais une attardée:

    - Ben tu crois quoi, on se planque pardi! C’est pas comme ces imbéciles, toujours à la

    Une ou faisant le buzz sur internet…

    - Personnellement, je n’en entend pas du tout parler. Plus dans les films, les bouquins…

    - C’est parce-que tu ne sais pas écouter.

    - Mais…

    - Tu veux parler de la Mafia ou de la Tribu ? Demanda-t-elle, vaguement amusée.

    Je m’excusai avec mollesse, et Lou put poursuivre.

    - Comme la Famille était déjà prise, les créateurs de notre groupe ont choisi de l’appeler la Tribu. Référence aux indiens, pour leur courage, leur loyauté, tout ça tout ça. A mon avis, c’est surtout parce qu’ils n’avaient pas d’autre idée, enfin bon. Je préfère tout de même Tribu à Famille.

    - Pourquoi ?

    - Famille, ça fait un peu…comment dire. Tu connais l’adage « on choisit ses amis,

    mais pas sa famille » ?

    J’hochai la tête.

    - Ben voila, fit-elle en riant. C’est pour ça. Je déteste qu’on me force la main. Tu veux savoir quoi d’autre ?

    Je n’avais pas vraiment tout compris, mais ce n’était pas très grave. Ce fut avec empressement que je posai une autre question.

    - Que font les Agents ?

    Pour être plus à son aise, Lou se renversa en arrière et étendit ses longues jambes sur la table basse.

    - Ils font respecter l’ordre. (elle me jeta un regard en coin et me menaça: ) Si tu me parles de flic, je te mets à la porte. Ils font respecter l’ordre, viennent en aide aux gens, ce genre de trucs. Il arrive aussi que les Agents les plus doués soient appelés par les Vieux à régler certains détails gênants. Les affaires d’état, les meurtres, les kidnappings, y a de tout. On bosse la plupart du temps en solitaire, et toujours en finesse. On est pas du genre à laisser un cadavre sanglant derrière nous. On intervient généralement quand le peuple est au bord de la guerre civile, quand ils sont pas assez grands pour se réconcilier tous seuls.

    - C’est qui, les Vieux ?

    - Heu, il vaudrait mieux que tu ne prennes pas l’habitude de les appeler comme ça. Ce sont les Anciens, en fait. Les doyens de la Tribu. Passé un certain âge, un Agent particulièrement doué et intelligent et populaire (dans la Tribu, pas en dehors du cercle) peut prétendre à ce titre. (Elle se gratta le mollet avec volupté: ) Ce sont eux qui décident qui on doit éliminer, qui on doit sauver. En fait, ajouta-t-elle après un court instant, il y a trois grades dans la Tribu, enfin quatre, si tu comptes le tiens. Les Aspirants, les Apprentis, les Agents, les Anciens.

    - Je vois, fis-je alors que je ne voyais rien du tout.

    - C’est tout ? Demanda Lou avec espoir.

    - Pas vraiment. Pourquoi Jared et vous vivez-vous ici tous les deux, alors que vous venez de dire qu’un Agent travaille en solitaire ?

    Lou soupira.

    - Nous bossons à deux parce-que les Vieux nous ont chargé d’une mission spéciale. Et ici, c’est notre planque. (elle secoua la tête avec consternation: ) Jared n’aurait jamais du prendre une Aspirante pendant la mission. C’est indécent et complètement dingue.

    M’enfin, ça lui ressemble bien.

    - Le type qui s’occupe du bar…

    - Ca s’appelle un barman.

    - …semblait connaître Jared. Et vous aussi.

    - Normal, Barry est notre couverture. Une couverture un peu bizarre, et avec un mauvais penchant pour la boisson, mais une bonne couverture tout de même.

    - C’est quoi, une couverture ?

    - Oh, ça c’est à Jared de t’expliquer! Ca ne fait pas partie des bases que l’Aspirant doit connaître.

    - Ca semble pourtant important.

    - Pas pour une Aspirante.

    Son ton était sans appel et je me hâtai de changer de sujet:

    - Et alors, que doit apprendre le bon Aspirant ?

    - C’est Jared qui doit…

    - Alleeez. Ca m’aiderait, de savoir à quoi m’attendre. De potasser sur…les connaissances que je vais devoir assimiler.

    - Je me rappelle maintenant pourquoi je détestais les intellos, grogna Lou.

    Mais elle consentit tout de même à m’expliquer rapidement ce que Jared allait me faire subir.

    - Tu vas apprendre à courir. (je la regardai, mi figue mi raisin) Ne me fixe pas comme ça. Je sais que tu sais courir. Mais tu vas apprendre à courir différemment.

    - Bon. Passons. Et après ?

    - A développer tes facultés physiques et mentales.

    - Genre, me rendre plus intelligente ?

    - Genre, te rendre moins stupide en matière de réflexion. Apprendre à réfléchir, c’est tout un art. Ah, tu vas aussi apprendre à respirer.

    - Vous vous foutez de ma gueule.

    - Pas du tout.

    Elle se leva, et partit dans la cuisine:

    - Temps mort. Tu attendras que Jared rentre pour qu’il réponde à tes questions. J’en ai déjà assez de jouer les nounous, je veux pas faire prof en plus. »

    ***

    Jared rentra au beau milieu de la nuit. J’étais couchée sur le canapé, enfouie sous une vieille couverture, et je l’avais entendu rentrer dans le salon.

    Il avait salué Lou, puis avait accroché son long manteau à la patère, du moins j’en ai déduis ceci d’après le bruissement du cuir qu’on dérange.

    « - Alors ? Avait fait Jared en chuchotant, pensant probablement que je dormais.

    - Alors elle est drôlement chiante, ta petite protégée. Elle n’a fait que me poser des questions sur la Tribu.

    - C’est bien pour ça que je l’ai choisie.

    - N’empêche que c’est pas très malin de prendre un apprenti en ce moment. Ca va te prendre énormément de ton temps, et on peut pas prendre le risque de tout faire capoter.

    - Ne t’inquiète pas. Je vais y arriver.

    - Y a intérêt. Sinon je demanderai à avoir un autre équipier, fit Lou en grognant.

    - Est-ce qu’elle a dit pourquoi elle avait besoin de mon aide ?

    - Oh, par pitié. Arrête un peu de jouer les superman du dimanche, tu veux ? Elle n’a rien dit du tout sur ce sujet là, mais je parierai que ça a un rapport avec son frère.

    Jared ne répondit rien, et il s’approcha du canapé. Je m’empressai de fermer les yeux et me forçai à avoir une respiration profonde et régulière.

    - Tu lui as coupé les cheveux. Parfait.

    - C’est-ce que tu m’avais demandé, non ? Ronchonna Lou de nouveau.

    - Je ne pensais pas si court, fit Jared en plaisantant.

    - Vu de quoi je suis partie, le résultat est assez miraculeux. Comment peut-on vivre avec une tignasse pareille ?

    - On a pas tous l’obsession du détail. Et puis elle vient de traverser une période plutôt difficile, et…

    - Ouais, ben faudra qu’elle la chope vite, l’obsession du détail. Quand comptes-tu commencer à la former ?

    - Le plus tôt possible.

    - Super. Demain je ne serais pas là, tu l’auras rien que pour toi.

    - Tu ne l’aimes pas ? Demanda Jared subitement.

    Prise de court, ou dégoutée, Lou laissa passer une dizaine de secondes avant de répondre.

    - Elle me porte sur les nerfs. Elle est impolie, n’a aucun respect pour personne, et…

    - Elle a seize ans. On est tous un peu ingrat, à cet âge là. Laisse lui le temps de s’affirmer et de murir un peu.

    - Elle a de bons côtés, c’est sur. Elle est futée et horriblement torve.

    Jared partit d’un grand éclat de rire. Le fait qu’ils parlent si près de moi et sans se soucier de me réveiller me faisait tout drôle. Peut-être savaient-ils que je ne dormais pas ?

    - Torve ? Ce n’est pas vraiment le terme que j’aurais utilisé. Plutôt rusée.

    - Mouais. Je lui laisse quand même le bénéfice du doute. »

    Ils s’éloignèrent de moi et partirent dans la cuisine. Je mis du temps à me rendormir.

    « Le Seigneur des Idiots (Partie Six)Les yeux noirs. »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Mercredi 27 Juillet 2011 à 21:18

    Cool, la suite :)
    Par contre fais gaffe à la mise en page quand tu copies colles ton texte, parfois ça va à la ligne sans raison ^^' ;)

    2
    Grabouilleuse Profil de Grabouilleuse
    Mercredi 27 Juillet 2011 à 22:09

    En fait, ça vient du fait que j'ai changé d'ordinateur entre-temps! ^.^' j'ai transféré tous mes textes sur mon nouver ordi, mais comme ce n'était plus le même logiciel de traitement de texte, toute la mise en page de mes histoires a été... disons, modifiée. Le problème du sautage de ligne vient de là. Comme j'étais archi-pressée quand j'ai posté cet article, je n'ai pas eu le temps de modifier la mise en page. c'est horriblement agaçant.

     

    Sinon, heu ben merci beaucoup!! Venant de toi, ça me fait plaisir! 

    3
    Mercredi 27 Juillet 2011 à 22:23

    Ouaip, déjà eu ce problème là ;)


    Venant de moi ? Je suis si méchante que ça ? XD J'étais juste un peu énervée pour le dessin mais voilà quoi :)

    4
    Grabouilleuse Profil de Grabouilleuse
    Mercredi 27 Juillet 2011 à 22:26

    Non je ne parlais pas de ça! 

    Mais ton histoire a l'air drolement chouette (j'ai lu le résumé et la description des personnages sur ton autre site), donc le fait que tu me dises que la suite de ma propre histoire est cool, c'est plutôt flatteur. Enfin je me comprends. >.<

    5
    Mercredi 27 Juillet 2011 à 22:28

    T'inquiètes, je comprends aussi ;)


    Tu vas la faire publier ?

    6
    Mercredi 27 Juillet 2011 à 22:29

    *Ou plutôt, tu aimerais bien la faire publier ? :)

    7
    Grabouilleuse Profil de Grabouilleuse
    Mercredi 27 Juillet 2011 à 22:37

    J'y ai pensé, mais si je le fais, je préfère attendre d'être adulte et de taille à affronter un quelconque éditeur. Et puis je ne pense pas que cette histoire serait suffisamment bien menée pour être publiée, de nombreuses personnes m'ont dit que certains aspects de Limbre rappellaient les Marchombres, des livres Ellana. Et si c'est involontaire (je m'en suis rendue compte après-coup) je ne peux qu'avouer que c'est exact...

    Alors oui, j'aimerais me faire publier, mais pas avec cette histoire (ou alors il faudrait bien bien la mofifier...) 

    8
    Mercredi 27 Juillet 2011 à 22:41

    T'as le temps d'façon ^^

    9
    Grabouilleuse Profil de Grabouilleuse
    Mercredi 27 Juillet 2011 à 22:49

    Exact! =)

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :